[P2P-F] Fwd: "Ma nuit de cauchemar au commissariat"

Michel Bauwens michelsub2004 at gmail.com
Wed Jun 29 16:42:11 CEST 2011


not recommended: walking in a brussels park during eu summits ...

---------- Forwarded message ----------
From: Dante-Gabryell Monson <dante.monson at gmail.com>
Date: 2011/6/29
Subject: "Ma nuit de cauchemar au commissariat"
To: econowmix at googlegroups.com


Ma nuit de cauchemar au commissariat

CACCHIA/SIPA
 <http://fr.myeurop.info/print/node/2824>
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<http://fr.myeurop.info/2011/06/28/ma-nuit-de-cauchemar-au-commissariat-2824#>
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 RÉAGIR !<http://fr.myeurop.info/2011/06/28/ma-nuit-de-cauchemar-au-commissariat-2824#comments>
28.06.2011 | 11:25

Par
myeurop <http://fr.myeurop.info/profile/myeurop>

Jeudi dernier, quelques Indignés mais aussi de simples passants étaient pris
dans une rafle policière à Bruxelles. Manon, 21 ans, nous raconte ses dix
heures de vexations et humiliations.

A Bruxelles, il ne fait pas bon se réunir ou tout simplement se promener en
"zone neutre" un jour de Sommet européen. Cette notion de "zone neutre" a un
sens très particulier dans la capitale du Royaume. Ce n'est pas un
territoire neutre aménagé pendant un conflit pour abriter les civils,
blessés ou malades, mais une zone de non droit où l'on peut être arrêté
"administrativement", sans avoir enfreint la loi. Ceci en vertu d'un décret
pris par un bourgmestre de Bruxelles en… 1892.

Encore faut-il le savoir car rien n'indique que vous êtes entré dans ce no
man's land où vous êtes déchu de vos droits. La zone comprend, notamment, le
Parc Royal. C'est là que Manon, une étudiante française, a été arrêtée jeudi
dernier avec 40 personnes sous prétexte que certaines d'entre elles étaient
considérées comme de dangereux "Indignés". *Elle nous raconte sa "détention
administrative" dans des conditions indignes et dégradantes.*


"Afin de décompresser après mes partiels, je décide jeudi matin de partir
voir un copain d'enfance à Bruxelles. Une bien mauvaise idée. Ma ballade
outre-Quiévrain va se terminer le soir même à 15h25 exactement. Je suis, à
cet instant, privée de tous mes droits et de ma liberté.

*"Papiers d'identité!"* Alors que je me promène avec deux amis dans le Parc
Royal une dizaine de policiers nous entourent. Nous ne les avons pas vus
arriver. Je leur donne ma carte d'identité. Celui qui est de toute évidence
le chef, donne un ordre à une fliquette: *"Tu t'occupes de la fille, nous
des garçons"*. *"Contre le mur!"* me voilà en quelques minutes jambes
écartées, les bras en croix contre le mur. Je jette un coup d'œil à mes
copains: ils sont dans la même position que moi. Personne n'a encore dit un
mot, personne ne nous dit ce qui se passe.
Un seul droit: se taire

La fliquette qui m'a fouillée me met les mains dans le dos et me passe en
serrant fort des fils de nylon, comme des Serflex qui font office de
menottes. Dès ce moment là, pour les policiers, nous ne sommes plus des
citoyennes et citoyens déchus de leurs droits, mais des sous-hommes et des
sous-femmes sur qui ils ont tout pouvoir. Il n'est donc même pas nécessaire
de nous expliquer quoi que ce soit. On ne sait toujours pas pourquoi nous
sommes menottés.

Nous n'avons plus qu'un seul droit, celui de se taire. Un policier me prend
par le bras avec mépris en me serrant très fort. Plusieurs jours plus tard,
les ecchymoses sont encore visibles. Les policiers ne parleront désormais
devant nous plus jamais en français mais en flamand. On remonte la rue
jusqu'à un car. Nous sommes une quarantaine à être alignés à coté du bus.
Interdiction de bouger.
Hospitalité belge!

J'ai les deux pieds dans une flaque d'eau, la pluie vient de s'arrêter. Ni
une ni deux, le policier me fait une balayette, m'écarte les jambes, une de
chaque coté du poteau, je me retrouve embrassant un poteau, les fesses dans
l'eau, son genoux dans mon dos. On me tire brutalement par le bras pour me
remettre debout, on me retourne. On m'ordonne de m'assoir derrière une autre
personne. Re-balayette, jambes écartées contre la personne de devant, et
hop, une autre derrière-moi.

Le garçon devant moi me dit dans un anglais approximatif qu'il est un
touriste taiwanais, et qu'il ne comprend rien à ce qui se passe et que ses
papiers sont restés à l'hôtel. Il se rappellera probablement toute sa vie de
l'hospitalité belge!
Au commisariat de l'Amigo

Le temps qu'ils alignent tout le monde et qu'ils nous étiquettent avec un
nouveau "Serflex" (j'apprendrai dans la nuit qui suit que cela s'appelle des
bracelets "Colson"), j'ai les abdominaux qui commencent à faire mal, les
poignets en feu car le plastique me brule et les épaules en charpie.

Puis, un par un, ils nous soulèvent, nous refouillent et nous font monter
dans un car. Nous voilà à 37, direction le commissariat central de
Bruxelles, bien mal nommé "Commissariat de l'Amigo".

A l'arrivée, la personne devant moi interpelle les passants pour dénoncer
les conditions d'arrestation. Un policier la prend par les cheveux et la
tire dans le commissariat. Un avertissement à tous ceux qui auraient
l'intention de s'exprimer!

Nous revoilà de nouveau par terre, en colonne, dans la cour extérieure du
commissariat. La pluie reprend, les flics nous regardent nous faire doucher
sans pouvoir bouger pendant qu'eux s'abritent. Ils se payent notre tête en
flamand. Finalement, ils nous emmènent un par un. D'abord, ils me mettent
contre un mur pour me photographier. Le photographe se marre: *"avec cette
tête tu ne vas pas faire la cover d'un magazine de mode"*. C'est vrai
qu'après une heure sous la pluie, je suis non seulement frigorifiée mais pas
vraiment présentable.
Humiliations à répétition

On me demander d'enlever mes chaussures, on me met dans une première
cellule, devant deux femmes flics, dont celle qui m'a arrêtée. Sur son
badge, son nom: Katia. Les mains sur les hanches, une main près du flingue,
l'autre sur la matraque. Elle me demande de me déshabiller intégralement et
de lui tendre un à un chacun de mes vêtements à tordre qu'elle fouille avec
dégout.

Une fois rhabillée, délestée de ma veste et de mon soutien gorge, je me
retrouve en cellule avec les douze autres filles ayant subit les mêmes
humiliations. A l'entrée, il y a des toilettes, séparées du reste de la
cellule par un petit muret.

Le sol est en pente et six matelas sont déposés au sol ainsi que quelques
couvertures puantes. L'endroit est éclairé par un néon blafard et aveuglant.
Au bout de deux heures, nous avons complètement perdu la notion du temps.
Les filles tentent de déterminer l'heure grâce à la lumière qui passe à
travers les carreaux en verre dépoli.
Comme à Cayenne

Finalement, vers 19h, nous avons droit à une "collation". Humour belge sans
doute: c'est ...une gaufre sous cellophane et un gobelet d'eau. Au bout de
quelques heures, dans 10 mètres carrées à 12 détenues, l'air est lourd, la
tête raisonne car le bruit est amplifié par la cellule qui fait caisse de
résonance. Et puis l'odeur! On ne peut pas tirer la chasse. Il faut demander
au policier, en tapant sur la porte, comme à Cayenne dans le film
"Papillon".

Mais il est tard et plus personne ne répond. Impossible de dormir car nous
n'avons pas assez d'espace pour nous allonger toutes et quand on essaye à
tour de rôle, on glisse sur les matelas posés sur le sol glacé et en pente.
On discute, on chante pour nous remonter le moral.

Les garçons de la cellule d'à coté hurlent et tapent sur la porte puis
applaudissent à nos performances vocales. On s'occupe pour ne pas penser au
fait que l'on ne sait pas combien de temps on va rester enfermés. Le temps
me paraît de plus en plus long. On vient finalement nous annoncer que l'on
sera libéré(e)s à l'issue du Sommet européen. La moitié des filles de ma
cellule ne savaient même pas qu'il y avait cette réunion des dirigeants
européens.

Enfin, vers 1h du matin, ils commencent à faire sortir les filles une part
une. Heureusement, des copains nous attendent à la sortie avec une barquette
de frites et des bières. Belgique oblige.
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Sur le même sujet
 EUROFOCUS <http://fr.myeurop.info/info/eurofocus>FRANCE<http://fr.myeurop.info/focus/france-0>
ALLEMAGNE <http://fr.myeurop.info/focus/allemagne>
<http://fr.myeurop.info/2011/04/15/la-garde-a-vue-reformee-sans-attendre-2110>
La garde à vue réformée sans
attendre<http://fr.myeurop.info/2011/04/15/la-garde-a-vue-reformee-sans-attendre-2110>
15.04.2011



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