<div dir="ltr"><br><br><div class="gmail_quote">---------- Forwarded message ----------<br>From: <b class="gmail_sendername">Marion Louisgrand Sylla</b> <span dir="ltr"><<a href="mailto:kerthiossane@gmail.com">kerthiossane@gmail.com</a>></span><br>
Date: 2014-06-17 4:14 GMT-05:00<br>Subject: Fwd: [echanges] TELERAMA: Le sens “commun”, une alternative au capitalisme ?<br>To: Felwine Sarr <<a href="mailto:felwine@gmail.com">felwine@gmail.com</a>><br>Cc: Abdu Sek <<a href="mailto:seck.abdou@gmail.com">seck.abdou@gmail.com</a>>, Fadel Barro <<a href="mailto:fadel.barro@yahoo.fr">fadel.barro@yahoo.fr</a>>, alternativ@<div dir="ltr">
<div><div class="gmail_quote"><div text="#000000" bgcolor="#FFFFFF">
<h1>Le sens “commun”, une alternative au capitalisme ?</h1>
<div>
<u></u>
<div>
<p><a href="http://www.telerama.fr/monde/le-sens-commun-une-alternative-au-capitalisme,113475.php" target="_blank">http://www.telerama.fr/monde/le-sens-commun-une-alternative-au-capitalisme,113475.php</a><br>
</p>
<p><span>Entretien
| </span>Partager les idées, les voitures, les
connaissances, les maisons. Le “commun” inspire citoyens,
philosophes ou juristes… Le philosophe Pierre Dardot et le
sociologue Christian Laval nous éclairent sur cette
aspiration grandissante.</p>
<p> Le <u></u>14/06/2014 à 00h00<u></u> <br>
<span>Weronika Zarachowicz</span> -
<span>Télérama n° 3361</span> </p>
</div>
<div>
<u></u> <u></u>Christian Laval et Pierre Dardot. -
Olivier Coret / Divergence <u></u> <u></u>
<div>
<p>Quoi de commun entre les mouvements <a href="http://www.telerama.fr/monde/occupy-wall-street-contre-la-finance-la-guerre-est-declaree,73810.php" target="_blank">Occupy</a>,
les partisans du « <a href="http://www.telerama.fr/tag/logiciel-libre" target="_blank">logiciel
libre</a> », qui souhaitent un meilleur partage des
idées et connaissances, ou encore les nouveaux modes de
consommation alternatifs, qui fleurissent à travers le
monde ? L'aspiration, précisément, au <i>« commun »,</i>
affirment le philosophe Pierre Dardot et le sociologue
Christian Laval. Pour eux, ces myriades d'initiatives sont
en train d'inventer de nouveaux rapports sociaux et
politiques, même si les acteurs du collaboratif n'en sont
pas toujours conscients. Explications à deux voix sur la
notion de « commun », qui inspire de plus en plus de
philosophes, d'économistes, de juristes et de citoyens. Et
pourrait devenir <em>« le terme central d'une nouvelle
alternative politique au capitalisme ».</em></p>
<p><i><br>
</i><b>Pourquoi vous intéresser au « commun » ?</b><br>
<strong>Christian Laval : </strong>Nous travaillons
depuis plusieurs années sur la critique du néolibéralisme
et la nécessité d'imaginer une autre logique sociale. Or
nous avons été frappés par plusieurs mouvements
simultanés, apparus au cours des années <a href="tel:1990" value="+661990" target="_blank">1990</a>. D'une part,
une intense réflexion théorique sur la gouvernance des
ressources, qui s'oppose aux nouvelles formes
d'appropriation privées et étatiques (de notre eau, notre
biodiversité, notre santé, notre éducation...). D'autre
part, un foisonnement de pratiques collaboratives sur
Internet et de mouvements sociaux. L'altermondialisme a
fédéré les luttes contre la privatisation des services
publics ; les préoccupations écologiques montent en
puissance contre le pillage des ressources naturelles ; le
mouvement du « logiciel libre » construit les « communs de
la connaissance », scientifique, intellectuelle,
artistique... Toutes ces initiatives reposent sur une même
exigence : le « commun », qui les condense et les
articule.</p>
<p>Il ne s'agit pas seulement de pratiques « différentes »
ou « locales », qu'elles soient de consommation ou de
production. Ces initiatives proposent un principe
politique, fondamentalement contestataire face au modèle
de concurrence généralisée et d'appropriation du monde. On
déplore souvent qu'il n'y ait pas d'autres choix que le
libéralisme : le « commun » est en train de les inventer !</p>
<p><strong>Pierre Dardot :</strong> Nous avons été marqués
par « le mouvement des places » partout dans le monde, en
particulier celui du parc Gezi, à Istanbul. Les citoyens
ont voulu préserver des espaces de vie urbains pour
l'usage commun, face au projet de confiscation du
gouvernement au profit d'intérêts privés — la construction
d'un supermarché et d'une mosquée. Ils se sont en même
temps référés à la Commune (1) , c'est-à-dire à l'«
autogouvernement local ». Cette articulation nous paraît
essentielle.</p>
<p><b>Comment définir « le commun » ?</b><br>
<strong>P.D. : </strong>Ce principe invite à revenir aux
fondements de l'obligation politique : la seule obligation
politique légitime devrait être fondée sur la
participation de tous à la délibération et à la prise de
décision. De ce point de vue, le « commun » récuse
certains modèles actuellement en plein essoufflement,
comme la démocratie représentative, où un petit nombre
s'arroge le droit de décider au nom de tous.<br>
<strong>C.L. :</strong> Tout est aujourd'hui construit
autour d'un seul principe politique qui refuse de
s'affirmer comme tel, celui de la propriété : la propriété
du pouvoir, des biens, des moyens de production...
Aujourd'hui, cette tyrannie de la propriété ne cesse de
s'étendre. Or une démocratie véritable ne peut exister
sans la contester. Le commun s'oppose donc à cette logique
et fait prévaloir l'usage contre la propriété.</p>
<p><b>Le boom des pratiques de « co » (covoiturage,
co-working, troc...) fait-il partie de cette progression
du « commun » ?</b><br>
<strong>C.L. : </strong>Certaines formes collaboratives
sur Internet comme le « logiciel libre », ou plus
récemment les « makers » (2) , qui partagent outils,
connaissances et savoir-faire <a href="http://www.telerama.fr/monde/je-fabrique-tu-fabriques-nous-revolutionnons,113474.php" target="_blank"><i>(lire
notre reportage)</i></a>, ont participé à son
émergence. Ces initiatives sont autant d'aspirations à de
nouveaux rapports sociaux et politiques, même si les
acteurs du « collaboratif » n'en ont pas toujours
conscience. Mais toutes les pratiques de « co » ne sont
pas d'authentiques « communs ». Beaucoup sont récupérées
par les stratégies entrepreneuriales, qui mettent au
travail des consommateurs bénévoles en leur donnant
l'illusion de participer à une communauté, à des modes de
vie plus « conviviaux » (on pense à l'essor des réseaux
sociaux type Facebook, capturés par les logiques
marchandes)... Résultat : une myriade de petites
expériences auxquelles on a retiré tout sens global et
tout potentiel critique.</p>
<p><b>Les pratiques collaboratives insistent surtout sur le
partage. Pas forcément sur la dimension politique !</b><br>
<strong>C.L. :</strong> Il s'agit non pas uniquement de
partager les usages ou les biens, mais de décider
collectivement de la manière dont on les organise. Voilà
pourquoi le principe politique du « commun » concerne tous
les secteurs — services publics, monde associatif,
entreprises privées — et n'est pas seulement le dernier
avatar de l'économie sociale et solidaire, version «
économie collaborative »... Le secteur dominant est
aujourd'hui le secteur capitaliste, qui est en connexion
étroite avec l'appareil d'Etat, et ce sont précisément ces
institutions — capitalistes et d'Etat — qui doivent être
radicalement transformées pour instituer de nouvelles
valeurs.</p>
<p><b>Le commun oblige-t-il à dépasser l'opposition entre
marché et Etat ?</b><br>
<strong>C.L. : </strong>C'est un enjeu majeur, notamment
pour la gauche française, qui fait semblant de croire que
l'Etat nous protège du marché et de la grande
appropriation du monde. L'Etat est aujourd'hui un
acteur-clé du marché ! Il définit les normes de
compétitivité et de concurrence de concert avec les
multinationales et les institutions internationales.<br>
En fait, le commun propose une alternative à la propriété
privée comme à la propriété étatique. Il tourne donc le
dos au communisme et à toutes les formes d'étatisme qui
ont envahi la pensée de la gauche. Il permet de renouer
avec des traditions socialistes du xixe siècle et du début
du xxe, quand la gauche (qu'il s'agisse de Proudhon, de la
Commune de Paris ou du mouvement des coopératives) ne
réduisait pas la politique à une intervention de l'Etat.<br>
<strong>P.D. : </strong>Tout l'enjeu est de penser ce
nouveau concept de « public non étatique », notamment sur
le plan juridique, en sauvant dans le « public » ce qui
mérite de l'être — l'idée que cela doit profiter et être
accessible à tous.</p>
<p><b>La France semble avoir du mal avec le « commun » ...</b><br>
<strong>P.D. : </strong>Un des vices profonds de la
propriété d'Etat à la française est d'avoir organisé,
d'une part, un monopole de l'administration étatique, et
d'avoir relégué, d'autre part, tous ceux qui n'en font pas
partie dans une position d'usagers passifs, de
consommateurs-spectateurs extérieurs. Les usagers ont le
droit de s'exprimer, et de participer à la délibération et
à la décision.<br>
<strong>C.L. :</strong> La France a certes connu des
mouvements sociaux dernièrement, mais il s'agissait
surtout de mouvements de défense des services publics, de
la protection sociale, des retraites. Par son histoire,
notre pays, plus encore que ses voisins européens, se
situe sur une ligne de front entre les forces du marché et
le supposé rempart protecteur de l'Etat. Ce qui explique
pourquoi une alternative, à la fois au marché ET à l'Etat,
a autant de mal à passer.</p>
<p><b>L'Italie vous semble-t-elle en revanche en avance ? </b><br>
<strong>C.L. : </strong>En juin 2011, les Italiens ont
interdit par référendum — à 95 % ! — la privatisation de
l'eau, et les Napolitains se sont emparés du résultat avec
l'aide de juristes. Sous l'impulsion de la Mairie, la
régie municipale de l'eau a été pensée comme un véritable
commun, géré selon des principes d'autogouvernement, par
des habitants, des associations, des syndicats... Une
dynamique se dessine pour faire du commun « inappropriable
» le principe prévalant au niveau local, et Naples a
élargi l'expérience à l'immobilier : on va pouvoir
installer des gens dans des immeubles inoccupés par leurs
propriétaires. L'idée que l'usage doit prévaloir sur la
propriété a une potentialité de transformation radicale ?</p>
<p> <strong>P.D. : </strong>La même logique anime le
groupe d'acteurs qui occupe et gère un des grands théâtres
historiques de Rome, abandonné, le théâtre Valle. Ils en
réclament non pas du tout la propriété mais l'usage. Nous
y voyons l'un des nombreux foyers de cette révolution en
marche, au sens où l'entendait Cornelius Castoriadis : ni
guerre civile ni effusion de sang, mais ce moment où la
société se saisit de son destin pour transformer certaines
de ses institutions centrales.</p>
<p> </p>
<p>(1) De mars à mai <a href="tel:1871" value="+661871" target="_blank">1871</a>, la Commune de Paris fut une
expérience d'autoadministration de la ville par ses
habitants avant d'être écrasée par les versaillais, armée
régulière du gouvernement.</p>
<p>(2) Le mouvement Makers (« ceux qui fabriquent »)
transfuse les principes de la coopération numérique dans
le monde de la production matérielle, en un mouvement à la
fois artisanal et innovant : ils partagent idées et
connaissances grâce à l'« open source », acquérant ainsi
un immense savoir collectif.</p>
<p> <span>En savoir plus sur
<a href="http://www.telerama.fr/monde/le-sens-commun-une-alternative-au-capitalisme,113475.php#SuXkTQF0aO7S1zEf.99" target="_blank">http://www.telerama.fr/monde/le-sens-commun-une-alternative-au-capitalisme,113475.php#SuXkTQF0aO7S1zEf.99</a><span class="HOEnZb"><font color="#888888"><span><font color="#888888"><br>
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